... elle qui en a eu bien peu. Pour l'avoir perdue trop tôt, je n'en ai pas moins gardé le souvenir de ses gestes dans le quotidien, entièrement voués au bien-être de sa famille. J'aime me souvenir d'elle dans ces gestes-là, qui m'ont tant appris, sans mots inutiles, ces mêmes gestes que, parfois, je perpétue pour le bonheur de ceux qui m'entourent. Tout simplement.
Bienvenue chez moi, à vous, explorateurs du net.
Ici tout est souvent improvisé, un peu sens dessus dessous, un peu comme dans mon esprit, ma maison, ma vie, ma devise étant "pas de regrets de ce qui n'a pas été, heureux de ce qui est, et toujours curieux de ce qui sera", et ma seule constante étant le plaisir des mots jusque dans les maux.
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mardi 29 novembre 2011

hasard de blog au fil de Venise (dédicace à Dany)



En passant chez Danielle (créatrice d'un superbe blog sur Venise),
(http://venetiamicio.blogspot.com/) aujourd'hui, il y avait une photo qu'elle a prise à partir de l'hôtel où elle séjourne régulièrement et actuellement. Les hasards de sa nouvelle chambre ont fait que nous avons presque la même photo de Venise ! Bon, d'accord, moi, je l'avais prise d'un vaporetto, la vue est un peu chancelante comme ces flots qui mouvementent le grand canal avec son trafic parfois survolté, par rapport à la sienne, privilégiée par un réveil contemplatif, luxe que seule la prise de temps permet, sur le bout de la calle del Rosa. Je me souviens maintenant qu'elle m'avait effectivement dit, en voyant la photo dont je suis l'auteur, sur le blog de Zeb (billet "pas un chat, mais des chats à Venise", publié en avril dernier 2010 (dans mon désordre quotidien, je perds la notion des jours, des semaines, voire des années !), que c'était la vue qu'elle voyait tous les matins de son squat vénitien habituel puisqu'elle a la magnifique opportunité d'y aller chaque année en diverses occasions !!! Chat alors ! Tiens, pour la peine, je publie les deux photos, en dédiant la mienne (qui n'est assurément pas une oeuvre d'artiste comme la sienne, hi, hi !) à son blog très agréable à parcourir, comme ces inlassables promenades dans la Sérénissime...

C'est vraiment la même vue, mais les couleurs ne sont pas les mêmes !!! Ma photo date d'avril 2010... Les arbres sont toujours là, les embarcations aussi, quasiment dans la même position, mais il faut croire qu'en avril elles sont plus frileuses qu'en novembre : celle à gauche avait un taud !
Je dédie évidemment à Dany ce billet, en lui souhaitant un excellent séjour dans cette cité si intemporelle que seules les nuances de couleurs rappellent qu'elle vit au rythme des secondes de notre temps... Un petit texte ? Cliquer ICI...

dimanche 27 novembre 2011

un peu de lecture, en attendant...

... que je mette de l'ordre dans tous mes blogs, les anciens et les tout neufs ! Le texte ci-dessous a déjà été publié sur un autre blog que certains d'entre vous connaissent, un de mes blogs actuellement en dormance (les travaux n'avancent pas vite, je dirais même qu'ils n'ont pas commencé, vu que je ne sais pas par quel bout les prendre, pas douée la fille !).
Il avait été conçu dans le cadre d'un jeu d'écritures (cinquième du genre) mis en scène par Lizly et Madame Kevin du "blog à mille mains" (ICI) . Ce jeu consistait à imaginer un récit à partir de cette illustration (cf. Cuisine(s) et dépendance(s), Libellés, v° écriture (jeu), billet du 23 novembre 2010, que je viens de restaurer pour les références aux différents blogs qui en ont été les organisateurs, et celui de JJP44 couleurs d'aencre un blog que j'aime beaucoup lire et sans lequel je n'aurais pas connu ce jeu. En passant, merci JJ !  

"La maison au milieu des arbres brûlés"
"Pourquoi celui-là, ce tableau-là, et pas un autre de toute la série qu’elle avait retrouvée dans ce grenier poussiéreux de la demeure familiale abandonnée depuis des lustres, dans ce coin du Jura où personne ne mettait plus les pieds. "Trop froid", "trop sec", "trop loin de la mer", les excuses ne manquaient pas dès lors que tous ses frères et sœurs avaient choisi le soleil… C’est curieux, cette attirance pour le soleil, le ciel bleu, la mer, la chaleur, dans cette famille, tous blonds au teint diaphane, n’ayant rien de méditerranéen, ni dans les veines, ni dans la culture. La maison avait été vidée de ses plus beaux meubles d’époque entassés depuis des siècles, des meubles "qui sentent la mort", comme elle disait, pour rire, lorsqu’on lui demandait : "Tu ne prends rien ?"… Non, les meubles ne l’intéressaient pas. Elle est plutôt tournée vers le minimalisme, en architecture encore plus qu'en tout autre domaine, elle n'aime que les lignes très épurées, presque primitives, ou modernes, selon le recul dans la culture qu’on a de cet art difficile. Ses préférences sont loin du goût "Second em-pire" comme elle se plaît à le dire en deux syllabes bien distinctes ! Mais cette vue de New York sous la neige, l'un de cette série de tableaux reproduisant la même scène à des instants différents, telle une quête obsessionnelle de son auteur, son grand-père d’ambassadeur, la fascinait. Il y en avait au moins dix, entassés au milieu d’autres toiles poussiéreuses à souhait. Au moment du partage successoral, elle les avait toutes longtemps passées en revue d’un œil vague, sans conviction, leur préférant de loin les livres anciens, avant de s’arrêter sur cette série-là, lorsque son cœur n’avait fait qu’un saut dans sa poitrine en découvrant, sous le film de poussière, tous ces tableaux d’une même vue, des tours sous un paysage d’hiver. Il était difficile de les distinguer les uns des autres pour un œil peu averti en art pictural… Exactement les mêmes détails, avec juste une lumière différente. Une touche imperceptible de blanc, de bleu ou de jaune, et la neige prenait une autre dimension, imprimant alors au tableau l’état d’esprit du peintre à la création de son œuvre. Ici, elle était sombre et reflétait une morne journée pour ce grand-père ténébreux et poète à ses heures, là, elle était scintillante sous le soleil d’hiver, présage d’un instant joyeux que l'esprit mutin de son aïeul savait aussi parfois, oubliant alors ses fonctions et ses devoirs, appeler de tous ses vœux pour laisser libre cours à ses fantaisies, peu de mise dans ce milieu si conventionnel où il évoluait, ce soleil qui réchauffe les cœurs endoloris par des souvenirs trop cruels, comme aujourd’hui où elle regarde ce tableau-là, unique contrepoint sur le mur blanc de l'immense couloir d’entrée de son loft où un rayon oblique, arrivant du puits de lumière à l’instant même où elle passait le pas de la porte, avait sublimé la toile. Instant magique qui a donné au tableau enfin tout son sens, ce coup de foudre qu’elle avait eu pour cette série-là et pas une autre. New York, une ville qu’elle ne connaît toujours pas… Et pourtant… Est-ce cette lumière froide et sèche caressant timidement la toile, aujourd’hui, après une semaine de pluie grise et sale sur la capitale française, qui a restitué à cette vue une signification particulière, en cette saison où son âme mélancolique se complaît toujours à quelques souvenirs douloureux en se laissant même aller à pratiquer l’uchronie comme une science ? D'un geste machinal, elle expédie ses chaussures dans un coin de la pièce et, pieds nus, sans même prendre la peine de se chausser pour l'intérieur, elle s’arrête longtemps devant l'oeuvre, à la regarder, presque jusqu’à sa dématérialisation, comme si la scène n’était pas sur la toile, mais derrière celle-ci… C’est soudain une voix qui en sort : "What do you think I’m doing here ?"… Cette voix, si triste et résignée quand il disait cela..., comme si l’absence, la séparation, la modulait désespérément et inlassablement sur le même ton…, cette voix que sept heures de décalage horaire éloignaient d’elle dont le corps aurait franchi l’espace et le temps, sans conditions, ne serait-ce que pour sentir le souffle chaud d’où elle sortait, s'il le lui avait expressément demandé, lui qui se réfugiait derrière l'inutilité des mots quand les gestes suffisaient… Toutes ces journées à attendre que le téléphone sonnât, où elle errait dans son appartement comme un fauve en cage, dans l’incapacité totale de fixer sa contention sur un travail quelconque, à regarder l’horloge dont les minutes s’égrenaient narquoisement à une allure interminable… Toutes ces journées, si lointaines déjà qu’il fallait presque, dans les contingences habituelles, faire un effort pour se les remémorer dans tous leurs détails, où elle observait, de sa fenêtre, la rue sans la voir, où la fin de l’après-midi la surprenait encore le nez collé au carreau, à essayer de fixer ses idées, quand, dehors, les chiens libres allaient et venaient, se querellaient bruyamment, les enfants rentrant de l’école tapaient dans n’importe quoi sur leur passage pour se défouler, avec des cris qu’elle entendaient à peine, la rue grouillait de gens, les voitures klaxonnaient d’impatience derrière des camions en train de décharger, dehors où la vie battait son plein, alors que, à l’intérieur d’elle, tout était silence et attente… Toutes ces journées lointaines où le flux incessant de la circulation automobile, le hurlement des sirènes de pompiers complétaient la multitude des sons quotidiens de cette artère parisienne plutôt animée et bruyante, tandis que son esprit se frayait un chemin dans la confusion de ses pensées et traversait les mers jusqu'à lui... Toutes ces journées où son cœur bondissait là-bas, dans cette cité qu’elle ne connaissait pas et qu'elle rêvait de visiter et de photographier à l’envie, pour son graphisme si photogénique, imaginant sa grande silhouette derrière son bureau aux parois de verre, en train de plancher sur un projet d’envergure qui irait encore restreindre l'espace de ce paysage peint par son ancêtre...
Alors qu’elle esquisse un léger mouvement des pieds pour chasser de ses jambes ankylosées les fourmis, un avion passe le mur du son et la sort de sa rêverie. Elle se rappelle alors seulement ces instants où, dans la solitude de la nuit, son cœur pleurait en pensant à ces vols qui n’étaient pas encore arrivés à destination, à cette maison au milieu des arbres brûlés où ils avaient passé une semaine si particulière, quelque part dans le midi de la France, là où est resté à jamais, enfoui comme un secret s’il en était un, cet amour perdu dont elle n’arrive à parler à personne..."
En tout cas, j'en avais parlé à moi-même !!! Ce texte a été adapté pour coller au jeu, mais il existe, en partie, depuis... 1995 ! Il me souvient des grèves de cette année-là, le courrier n'arrivait plus régulièrement pour me permettre de travailler correctement à la maison, je n'avais pas envie de galérer pour aller au bureau, je m'étais un peu mise en indisponibilité, et, pour m'occuper, j'avais commencé une petite nouvelle qui devait faire une centaine de pages avec très peu de personnages. Ben, de fil en aiguille, je me suis attachée aux personnages secondaires, je les ai fait vivre, tellement bien qu'ils m'ont envahie !!! Trois mois après le début de l'écriture, j'en étais à... 450 pages, et  seulement aux deux tiers de la fin du roman (toujours au fond d'un tiroir, mais je ne m'appelle pas PPDA, c'est mieux qu'il y reste !!!). J'avais trouvé l'exercice simplement amusant, et plus amusante encore l'histoire de cette écriture, qui m'a habitée à tel point que mon homme en était même devenu jaloux !!!

 
Cartes postales du jour : Jura - Strasbourg - Automne 2011