... elle qui en a eu bien peu. Pour l'avoir perdue trop tôt, je n'en ai pas moins gardé le souvenir de ses gestes dans le quotidien, entièrement voués au bien-être de sa famille. J'aime me souvenir d'elle dans ces gestes-là, qui m'ont tant appris, sans mots inutiles, ces mêmes gestes que, parfois, je perpétue pour le bonheur de ceux qui m'entourent. Tout simplement.
Bienvenue chez moi, à vous, explorateurs du net.
Ici tout est souvent improvisé, un peu sens dessus dessous, un peu comme dans mon esprit, ma maison, ma vie, ma devise étant "pas de regrets de ce qui n'a pas été, heureux de ce qui est, et toujours curieux de ce qui sera", et ma seule constante étant le plaisir des mots jusque dans les maux.
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dimanche 7 août 2011

écho du jour (hôtel du nord)

ALEXANDRE TRAUNER
HOTEL DU NORD
"Le canal Saint-Martin"
Maquette du décor du film de Marcel Carné 


Dans ma cage d'escalier, j'ai un poster de cette maquette du décor du film Hôtel du Nord, de Marcel Carné (cliquer ICI, si vous êtes cinéphile et intéressé(e) par la période années 30), réalisée par Alexandre Trauner (1906-1993). J'aime beaucoup ce décorateur de cinéma. On oublie souvent que, outre les films de Carné, d'Allégret, de Grémillon, il a aussi apporté sa contribution dans de bons et beaux films comme Don Giovanni, de Joseph Losey, L'homme qui voulut être roi, de John Huston, La Vie privée de Sherlock Holmes, La Garçonnière, tous deux de Billy Wilder, sans parler de sa collaboration aux côtés de réalisateurs aussi prestigieux que Luis Bunuel, Jules Dassin, Orson Welles, Luc Besson, etc. Je l'ai dit sur mes blogs, j'aime le cinéma pour le cinéma, c'est-à-dire tout ce qu'il y autour (le décor, la musique, les dialogues, les acteurs, tout ce qui contribue à me laisser en mémoire les "sensations" d'un film, alors que j'en aurai parfois oublié l'histoire à proprement parler...). Hôtel du Nord ? J'ai oublié l'histoire, mais pas les fameuses répliques, dont, bien sûr "Atmosphère, atmosphère...", dont parle Toti, à qui je dédicace ce billet !
J'aime beaucoup ce quartier parisien, souvent décrit dans les romans de l'époque (Francis Carco, Pierre Mac Orlan, Roland Dorgelès, Léo Malet...), situé dans le 10ème arrondissement de la capitale, j'ai failli louer, un jour, un appartement dans la rue des Vinaigniers, mais Oli avait fait la moue en me disant, sur le ton d'une boutade, "personne n'acceptera de venir dîner chez nous, avec une adresse pareille !". Ah bon... C'est dommage, j'avais vraiment l'impression de me retrouver dans les décors de Trauner !

mercredi 3 août 2011

il pleuvait, ou bleu passion pour un pied qui sent bon

Il pleuvait. J'étais vaincue par la tempête.
Pour la première fois je ne faisais pas la fête
Sombres jours ! Je rentrais lentement
Laissant sur moi ruisseler mes vêtements
(...)
Il pleuvait, il pleuvait toujours. La froide bise
sifflait ; sur la grève, dans mes lieux bien connus...
Où, souvent en bottes, je n'allais jamais pieds nus
(...)
Poulopry, Poulopry, Poulopry morne plaine !
(...)
Et toujours, l'horizon, sombre comme la mer
(...)
Je pourrais continuer ainsi un petit moment, pour le plaisir, mais c'est pas bien, hein Victor, de détourner ton si beau poème ? Mille pardons, mes potacheries prennent souvent le dessus dans la vie, histoire d'oublier qu'elle n'est pas toujours rose, que le soleil ne brille pas souvent, pas pour tout le monde en tout cas...
Lors de mon dernier séjour en Bretagne, non je n'étais pas frigoriée comme les soldats de Napoléon au seuil de leurs bivouacs désolés, mais, à force de dire qu'il pleuvait, la répétition de ces deux mots, lancinante, m'a fait repenser à ces vers magnifiques d'Hugo, "il neigeait", dans son poème dédié à la gloire de Napoléon (sans moi, hein !!!) où tout son talent de visionnaire a éclaté (*). Et même si, entre deux activités très gourmandes (voir ICI), j'ai passé beaucoup de temps en contemplation et méditation, je n'ai pas, malheureusement, vu luire dans ma vitre des constellations (**)... J'ai encore du chemin à faire avant d'atteindre la zénithude !!!
(*) L'expiation, de Victor Hugo, extrait de "Les Chatiments"
(**) Le mendiant, du même, extrait de "Les Contemplations".



Pas de neige, certes, mais de la pluie et du vent pendant tout le séjour, sans discontinuer, j'ai même remis le chauffage dans la maison de peur que mes invités à dîner prennent froid dans ma chaumière !!! Je n'avais jamais vu ça, même en hiver, jusqu'à présent, depuis que nous allons régulièrement dans cette région ! Une tentative de sortie au sillon de Talbert s'est soldée par un trempage des pieds à la tête, sanction sans appel à mon intrépidité, les ostréiculteurs en rigolent encore sur leur tracteur sillonnant la mer à l'heure de la marée basse pour aller travailler leurs huîtres, et mes oreilles bourdonnent toujours du vent nord-est impitoyable pour ceux qui n'y sont pas habitués... Cette vague de froid était généralisée dans la France à ce qu'on m'a dit, ce n'est pas une consolation. Quoique, j'ai passé mon temps à relire des bouquins, dont le curieux Kafka sur le rivage (voir ibid.)... Puis, j'ai été rappelée aux tristes contingences de ce monde sans pitié : le billet pour la rubrique Saveurs de septembre du magazine de CC n'était toujours pas pondu !!! Dare dare, je m'y suis mise, sans état d'âme ni peaufinage, envoyé par mail le jour même, retour en PDF presque illico presto (le temps de monter, quand même, me dit-elle !!!) ! Promis, la prochaine fois, je m'y prends plus tôt ! Ah, que ferions-nous sans internet !!!
Ah ! les champignons, ils n'auraient pas fait perdre son latin à notre Rabelais, érudit, gourmet et paillard, dont le talent aurait été à la hauteur de mots audacieux transformant en quelques envolées une balade en fôrêt en ballade des gens joyeusement hallucinés, voire en conte des plus grivois, tant le monde des champignons prête à tous les appétits par leurs formes, leurs noms plus évocateurs les uns que les autres, juste par tournage rapide des pages des ouvrages à eux consacrés, où clitocybe améthyste côtoie allégrement clitopile petite prune, inocybe à mamelon, volvaire visqueuse, coprin chevelu, lépiote déguenillée et phalle impudique (ou satyre puant !), tout cela dans un nébuleux marasme, sans parler de galère, etc. !
L'automne, c'est assurément la saison où l'humidité contenue dans l'air rend la lumière tellement splendide par transparence que les amoureux de la nature ne résistent pas à l'envie de la photographier sous toutes ses coutures. Un de leurs sujets de prédilection, les champignons, un monde visuel épatant, magique, à l'image des illustrations de nos livres d'enfance !
Tricholome pied bleu

On ne présente plus ces étranges "individus", présents partout dans notre vie, à notre insu même. Leur univers reste peu connu, en raison de leur groupe comportant un nombre d'espèces sur terre incalculable. Entre "végétal" et "animal", ils constituent un règne entièrement à part. Pour ceux qui m'intéressent ici, les champignons perceptibles à l'oeil nu, on se demande comment, par miracle, en l'espace d'un temps record, ces organismes invisibles qui vivent souvent cachés, grâce à leur mycélium, dans le sol, le bois pourri ou autres substrats propices à leur développement, surgissent soudain sous nos pas à la bonne saison, tout en pied et avec leur fringant chapeau, pour le plaisir non seulement de nos pupilles mais également de nos papilles. C'est en effet lors de ces promenades en forêt que ceux qui aiment cuisiner se mettent à rêver de rentrer à la maison avec un panier rempli de ces succulents champignons comestibles qui font les gorges chaudes de tout gourmand/gourmet, même du moins toqué !

Fistuline hépatique ou langue de boeuf
Attention cependant : derrière leur allure charmante, beaucoup d'espèces sont toxiques, et même, parmi les comestibles, certains prêtent parfois à confusion dangereuse. Prudence donc si vous êtes cueilleur novice, comme moi, qui ne ne consens à cueillir un champignon qu'une fois qu'il m'a été présenté par une personne au-dessus de tout soupçon ! Non, non, ce n'est pas une question d'éducation, mais je n'invite à ma table que ceux avec qui j'ai des affinités absolues, ce qui passe par une observation sans faille et de longue haleine ! L'heureux cueilleur averti saura, pour sa part, reconnaître aisément ses champignons favoris : la morille, une espèce de printemps dont la rareté justifie le prix prohibitif sur les marchés ; plus tardifs, la fin de l'été et l'automne étant les grandes périodes de récoltes plus variées, voici les bolets, dont le fameux cèpe de bordeaux, la coulemelle (lépiote élevée), la girolle, la trompette-des-morts, la pleurote…, tous faciles à trouver au marché. Quant à l'amanite des césars (l'oronge), l'amanite rougissante (la golmotte), le lactaire délicieux, pour ne citer que les plus recherchés, ils trouveront sur leur chemin la convoitise de tout amateur éclairé !
Plus délaissé en raison de son arôme prononcé, et pourtant tout aussi, sinon plus, savoureux que le cèpe, à mon humble avis, voici le tricholome pied bleu (Lepista nuda) qui me met dans tous mes états lorsque j'ai le bonheur de tomber nez à nez avec lui au coin d'un bois ! Il est, en raison de ma passion pour sa couleur et de son odeur qui me rappelle celle d'un bon gâteau sortant du four, le premier de mes champignons préférés, devant l'agaric champêtre (le rosé des prés, l'ancêtre du champignon de Paris) et le coprin chevelu : facile à reconnaître grâce à ses caractéristiques et présentant peu de risque de confusion avec des espèces mortelles, il faut avoir quand même avoir l'œil exercé pour le distinguer au milieu des feuilles mortes, la couleur beigeâtre du dessus de son chapeau se fondant parfaitement dans les nuances automnales. C'est lorsque la lumière n'est pas trop éblouissante mais assez contrastée qu'on aperçoit dans la pénombre son pied et ses lamelles d'un bleu intense tirant sur le violet. Il apparaît dès le printemps, mais abonde surtout en octobre-novembre, à partir des premiers froids, il m'est même arrivé de le débusquer sous la neige... Il pousse en troupe ou en cercle, sous feuillus ou conifères. C'est un champignon désormais exploité en culture de la même manière que le champignon de Paris, mais je n'ai jamais retrouvé dans l'espèce cultivée cette délicieuse fragrance qui en fait la spécificité.
Les champignons sont des aliments peu caloriques. Pour leur utilisation, il faut savoir que certains, même comestibles, sont toxiques à l'état cru et ne se consomment que cuits, telle la morille. En revanche, d'autres, comme la fistuline hépatique (aussi appelée "langue de bœuf", alors que sa forme rappelle plutôt un... foie !), sont meilleurs crus, juste détaillés en carpaccio, par exemple. Il est prudent de se documenter dûment sur les espèces récoltées avant tout emploi culinaire.
Enfin, à défaut d'être cueilleur, on peut se régaler de l'inégalable champignon de Paris, à mettre à toutes les sauces ! Pour ma part, j'en consomme beaucoup (j'en achète régulièrement 2 kg par semaine : une fois bien nettoyé, je les stocke au frigo sans problème). Cru ou cuit, celui-ci se prête à bien des recettes. Je préfère, à l'achat, le brun, plus parfumé et ferme que le blanc. Outre les préparations traditionnelles, par exemple, pour accompagner un lapin chasseur, garnir une bouchée à la reine ou une quiche, si vous les choisissez très fermes, il est délicieux cru, en salade : couper court le pied, émincer en lamelles, assaisonner avec du jus de citron, de l'huile d'olive, une pointe d'ail ou de l'échalote, un peu de sel et de menthe ou persil haché, du poivre, c'est tout !
Le pied bleu, quant à lui, se prête presque aux mêmes préparations en cuisine, mais il est conseillé de ne le consommer que cuit. En poêlée : couper les chapeaux en gros morceaux, faire revenir ceux-ci dans de l'huile très chaude une dizaine de minutes, ajouter en fin de cuisson un peu de sel, de poivre, de persil haché et de beurre si vous n'avez rien contre. Cette poêlée accompagne à merveille toute viande rôtie ou, si vous êtes végétarien, un riz nature ou des pommes de terre vapeur dont elle relèvera excellemment le goût. C'est ainsi qu'on profite le mieux de la subtile saveur et du parfum de ce champignon qui, pour être commun, n'en est pas moins délicieux, c'est pourquoi, d'ailleurs, je proscris l'ail pour lui. En risotto (recette ci-après) il s'accommode bien de quelques dés de blanc de poulet cuit, et, mieux, de quelques dés de foie gras, un plat simple se transformant de la sorte en mets raffiné que vos invités ne bouderont pas !

 
Le classique mais savoureux champignon de paris !

RISOTTO au PIED BLEU
INGREDIENTS pour 4 personnes :
• 150 g de riz à risotto (arborio ou carnaroli)
• 300 g de pieds bleus coupés en morceaux
• ½ litre de bouillon de volaille
• 1 gros blanc de poulet poché dans de l'eau frémissante 10 mn, refroidis puis coupés en petits dés,
• échalotes et ail hachés fin
• une cuillérée de crème fraîche (facultatif)
• sel, poivre
CUISSON :
• faire revenir l'échalote et l'ail, y jeter les champignons, cuire 5mn, réserver ;
• faire revenir le riz avec un peu d'huile neutre, puis mouiller avec le bouillon de volaille fait maison ou préparé selon le mode d'emploi du cube ; cuire à feu moyen 20 mn environ ;
• ajouter dans l'ordre : la crème fraîche, les dés de poulet, les champignons, en mélangeant doucement entre chaque étape pour que l'ensemble soit homogène et très chaud.
Servir aussitôt. Avec un bon vin blanc type savagnin (ou un autre vin du Jura) (*) c'est parfait !

(*) Pour ces vins, je m'adresse à la maison Philippe Butin à Lavigny ou Morel-Thibaut à Poligny, deux producteurs très sérieux, ça se démarque de la grosse cavalerie qu'on trouve actuellement chez les négociants en tous genres...

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Je dédicace ce billet à Annabelle, ma nièce, actuellement en randonnée dans le Vercors, belle région pour la cueillette des champignons...
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